De Talcy à Châteaurenard

Elle avait quitté ses terres de Talcy où elle avait passé la nuit. Elle avait pris la direction d'Orléans puis avait suivi le cours de la Loire tout un temps en direction de Gien. A un moment donné, elle s'était éloignée du fleuve pour remonter vers Montargis et Courtenay. Là le long d'une rivière, Châteaurenard montait la garde.

Elle chevauchait seule se demandant quelle mouche l'avait piquée de vouloir tâter des joutes !
Elle avait accompagné son suzerain une seule fois en tant que spectatrice et son expérience de la chose s'arrêtait là.

Elle se laissait aller à ses réflexions, mollement bercée par le pas de son cheval, quand elle s'aperçut qu'elle était arrivée à destination.

Elle héla le garde à l'entrée

Bonjour ! Je suis Ninouchka du Val Ancien. Je suis attendue pour les joutes

domestiques Nombre de messages : 73 Date d'inscription : 11/10/2008

A peine avait il accompagné le carrosse de sa Grasce Xalta, que le domestique était appelé à la grille du château.

Hector ! Hector ! D'péche toi ! Y a du monde au portillon !

Un garde criait en direction du campement. Le domestique repartit au trot pour accueillir le nouvel arrivant. En cette saison, le soir avançait bien vite et plongeait déjà le domaine dans la pénombre.

Une silhouette, un cheval prés du garde. Mystère...

Pas assez de lumière pour reconnaître la personne qui se tenait là bas et pourtant, une sensation curieuse traversa son corps, une douce chaleur qui chassait l’âpreté du froid de l'hiver.
Il pressa le pas et... et...

Ninou ? Ninou...

Il resta là, figé par la surprise. N'osant y croire. Ne sachant plus s'il s'agissait de rêve ou de réalité. Il s'approcha pour mettre sa vision à l'épreuve ses sens, et lentement il prit la main de Ninou. De petits doigts tout froid qui bougeaient.

Ninou.

Hector se retint pour ne pas verser de larmes. Pour ne pas que l'on voit l'émotion si grande qui secouait tout son être. Tentative bien superflue, car personne ne pouvait voir dans l'obscurité naissante la petite perle qui pointait au coin de ses yeux.

Le garde s'empressa aussitôt de héler quelqu'un.

Ninouchka tressaillit en l'entendant appeler Hector.

Hector ! ... il y avait si longtemps qu'ils ne s'étaient vus tous les deux !

Un sourire se fit jour sur ses lèvres et elle se réjouit intérieurement de revoir son ami.

Très vite la silhouette si familière se dessina dans la pénombre mais tout aussi vite, elle se figea.

Ayant pris conscience de sa propre émotion, Ninouchka imagina sans peine celle qui avait dû s'emparer d'Hector lorsqu'il l'avait reconnue. Elle le connaissait si bien et savait à quel point il était sensible.

Elle salua le garde d'un sourire et d'un "merci" puis fit les quelques pas qui la séparaient encore de son ami.

Elle lui laissa prendre sa main, appréciant à la fois le geste si doux et la chaleur de sa main.

Elle attendit qu'il la regarde pour lui sourire, puis se mettant sur la pointe des pieds elle l'embrassa affectueusement

Hector ... comme je suis contente de te revoir ! Tu me manques tu sais !

Puis tenant son cheval d'une main, elle passa son autre bras sous celui d'Hector

Tu veux bien qu'on fasse quelques pas ensemble ? Tu me montres le chemin ?

domestiques Nombre de messages : 73 Date d'inscription : 11/10/2008

Dieu que cela bon de retrouver son amie ! Depuis tout ce temps, elle revenait sans cesse dans sa mémoire : sa patience, sa gaieté, sa tendresse... Il n'avait jamais compris pourquoi son cœur battait si fort en sa présence, mais il savait que c'était précieux et que cela le porterait toute sa vie.

Un bout de chemin avec elle. Pour sûr, il l'aurait mené jusque au bout de le nuit afin que cet instant de bonheur se prolonge quelques temps.

Alors, le domestique décrocha un flambeau près de la herse et l'alluma avec son briquet. Aussitôt la lumière jaillit, éblouissante, et éclaira le doux visage souriant de Ninou. Il resta un instant à la regarder puis reprit sa main pour l’entraîner vers le campement

Oui, je vais t'aider à dresser ta tente. La nuit tombe et il fait froid. Je te donnerais un drap de laine là bas.

Ils cheminèrent ainsi, à la lueur de la torche qui projetait leurs ombres dansantes dans l'obscurité. Hector regardait parfois furtivement Ninou, hésitant à lui demander si elle était heureuse, mais il n'osait pas rompre le silence et l'intimité de la nuit naissante.

Baronne. Il savait que son amie était désormais une grande Dame. Lui resterait domestique... Comment pouvaient ils être amis alors qu'ils vivaient dans des mondes si différents ? Il voulait lui donner tant et avait si peu à offrir. C'est alors qu'une idée lui vint en tête.

Et si je te servais d'écuyer ? Tu sais que je l'ai déjà été auprès de Sieur Ursus ? Dis Ninou, tu voudrais bien, dis ?

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Ils marchèrent ainsi main dans la main un moment.

Hector s'était muni d'une torche et leurs ombres se dessinaient sur le sol, mouvantes, éphémères.

Au bout de quelques minutes, à l'approche du campement dont leur parvenaient mille bruits, il lui proposa son aide comme écuyer. Comme d'habitude et curieusement, lorsqu'il lui parlait, il ne bredouillait pas.

Elle le regarda surprise

Mais Hector ... ne dois-tu pas avant tout servir le duc Ursus ? Il aura certainement besoin de toi en divers endroits du Domaine. Auras-tu le temps de t'occuper de moi par-dessus le marché ?
Tu sais ... j'ai l'habitude de m'occuper de moi-même. Ça ne me dérange pas de mettre la main à la pâte.

Immédiatement après avoir prononcé ces paroles, elle réalisa que son ami pourrait mal les prendre, imaginant qu'elle ne voulait pas de lui. Lui serrant la main un peu plus fort, elle ajouta

Mais si le duc veut bien et si tu as du temps, je serai enchantée qu'on passe un peu de temps ensemble et tant qu'à faire, autant que tu me donnes un coup de main. Peut-être peux-tu commencer par m'indiquer un endroit tranquille dans le camp ? Un peu en dehors de la foule. Je me sentirai plus à l'aise un peu à l'écart. Tu sais bien que je n'ai pas l'habitude de ce genre d'endroit ...

» Qui sera le premier champion de Châteaurenard.